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Le mariage non reconnu de Lilia et Thomas

Le journal le monde a publié l’histoire de Lilia et Thomas, des mariés non reconnus par la loi tunisienne.

Ils se sont connus en Tunisie,  le jeune couple amoureux avait célébré son union à la mairie d’un village normand. Ils voulaient l’inscrire dans l’état-civil tunisien de Lilia.  Mais leur demande a été refusée. « Désolé, on ne peut rien faire », a objecté à Lilia le préposé à l’état-civil.
La  circulaire du ministère de la justice interdisant le mariage entre « une Tunisienne musulmane et un non-musulman », remonte à 1973.

Lilia se dit dégoutée, elle a éprouvé « un immense sentiment d’injustice ». Si elle  vit en ce moment hors de Tunisie, Lilia redoute déjà les ennuis susceptibles de survenir lors d’un prochain voyage en Tunisie aux côtés de Thomas. « On peut nous demander à tout moment notre livret de famille si on descend dans un hôtel », grince la jeune Tunisienne.

 
Thomas se désole quant à lui, le paradoxe est en effet cruel. La Tunisie démocratique, berceau des « Printemps arabes », célébrée par le Prix Nobel de la paix en 2015, louée pour son statut des femmes le plus progressiste du monde arabe (le code du statut personnel imposé par Habib Bourguiba) est aussi un pays où le conservatisme socioreligieux demeure très prégnant, en particulier au détriment des femmes.

 

 

La réaction de la société civile



« La Tunisie est schizophrène, déplore Alya Cherif Chammari, avocate féministe, souvent saisie de ce type de dossiers. Le discours moderniste cohabite avec des pratiques traditionalistes. Et le gouvernement ne veut pas s’avancer sur ce terrain sensible, marquer clairement la limite entre l’État et la religion. » La fameuse circulaire de 1973, dont le texte invoque la « sauvegarde de l’originalité islamique de la famille tunisienne » et donc la nécessité d’« éloigner tous les côtés négatifs de l’Occident », est symptomatique des ambivalences qu’Habib Bourguiba, le champion du modernisme tunisien à l’époque au pouvoir, cultivait sur ces questions sociétales.


Cette « schizophrénie », une partie de la société civile ne l’accepte plus. Fin mars, une coalition d’une soixantaine d’associations a lancé à Tunis une campagne de mobilisation en faveur de la cause du libre conjoint.